La pêche aux cabutots
Cette année, la pêche n'a pas la même saveur. Ils n'ont pas encore touchés aux épuisettes posées contre le vieux buffet. Elles n'ont pas bougé depuis l'été dernier. Dans leurs filets sont encore accrochés les rires des dernières vacances.
Oui, sans conteste, la pêche aux cabutots sans les cousins n'a pas le même attrait.
Pourtant, "Dernier du nom" a bien essayé d'entrainer son frère le long de la béalière pour aller débusquer leurs bestioles favorites, mais sans succès.
il faudra attendre l'arrivée d'amis intrigués par cette pêche étrange pour qu'ils acceptent enfin de prendre les épuisettes.
Des tétards et des araignées d'eau viennent vite rejoindre la vieille baignoire de bébé qui leur sert de malle aux trésors. Des libellules bleues vont et viennent autour de nous, dans une danse incessante.
Au fond de l'eau claire, deux serpents se réfugient sous les cailloux pour éviter les coups d'épuisette; mais les cabutots se font attendre.
On discute au bord de l'eau, en suivant des yeux les allées et venues des enfants à la recherche de la bestiole mythique. Quand, enfin, on entend un "On en a un, on en a un !". Courant sur le muret, "Dernier du nom" revient triomphant, brandissant son filet.
Un drôle de specimen vient enfin rejoindre l'eau dans la vieille baignoire. Quatre têtes adultes se penchent pour apercevoir la "bête".
Et oui, ce petit truc noir qui semble tourner en rond, comme une barque mal dirigée, c'est bien cela le trophée suprême d'une chasse réussie.
Mais un seul cabutot comme prise, c'est à se demander si eux aussi n'ont pas traîné la patte pour venir se laisser attraper.
Il n'y a pas à dire, pour les garçons, la pêche aux cabutots n'a pas la même saveur sans les cousins.
Syl