Accélérer le temps
Il y a deux ans.....
Il y a deux ans, je me disais que je voulais que le temps s'accélère, que je voulais être aujourd'hui. Je me disais que le temps aurait passé, qu'il aurait amoindri les indicibles souffrances qui me crevaient les yeux et le coeur. On dit bien que le temps adoucit tout, qu'avec le temps va, tout s'en va.....
Il y a deux ans, je mettais dans ma tête un calendrier bourrés d'échéances salvatrices : "Allez ! Que les six mois à venir passent à la vitesse de l'éclair !" "Que je m'endorme pour ne me réveiller qu'au début de l'été !" Et ainsi j'espérais échapper à ces mois dont je pressentais la lancinante souffrance, échapper au quotidien truffé de rappels douloureux comme des poignards. Je ne voulais pas m'endormir en fait, je voulais que le temps s'accélère pour nous tous, pour eux surtout. Je ne pouvais concevoir qu'on puisse réussir à vivre avec la douleur que j'ai lue sur leurs visages. Ce jour-là, dans le cimetière, ils ressemblaient à une petite forêt vierge, comme un arbre qui ploie sous la tempête, le tronc ceinturé de toute part de lianes enchevêtrées, à en étouffer ; les petites lianes s'agrippant à la grande, et la grande aux petites. Comme pour résister à l'assaut du vent.
Il y a deux ans, je me disais que dans deux ans, la vie aurait repris ses droits, que l'absence serait moins présente. Et voilà que ces deux années ont passé. Enfin ou déjà ? Je ne sais ... Oui, la vie est forte. Oui elle continue. Le vide ne s'est pas comblé, je le sens. Mais comment peut-on effacer une absente présence, et puis, pourquoi ? Pourtant, aujourd'hui, j'ai envie de dire : "Vive la vie!"
Syl