Passage de col.
Pour Phil, un passage de col.
Les vacances, quand j'étais enfant, furent pour la plupart ardéchoises, à quelques exceptions près.
Avant
la première voiture, je me souviens être partie en train avec ma
grand-mère vers LALEVADE par une ligne aujourd'hui fermée. Un
tronçon a été réouvert, il y a quelques années, pour en faire un circuit touristique.
Au terminus de la ligne, mon grand oncle venait nous chercher avec son taxi.
Quand
mes parents achetèrent leur première voiture, une AMI6, nous prîmes
alors la route pour rejoindre le village natal de ma grand mère.
C'était à chaque fois une folle équipée, mes frère et soeurs sur la
banquette arrière, et moi dans le coffre. A partir du POUZIN, la route
commençait à faire quelques lacets pour suivre suivre la rivière
Ouvèze. Tout allait encore bien.
Mais une fois passé PRIVAS, la
seule préfecture qui ne possédait pas encore un seul feu tricolore, la
montée du col de l'ESCRINET marquait le début des hostilités.
La
route était alors encore étroite et très sinueuse, pas d'espace
aménagé pour doubler, des virages serrés.... et la montée devait se
faire par étape, une de mes soeurs nous imposant des haltes forcées
pour rendre son repas sur le bord de la route. Elle ne supportait pas
la voiture et était malade à chaque fois.
Aussi, quand nous
atteignions enfin le col, c'était un soupir de soulagement, car la
descente était plus douce, et la vue dégagée sur la plaine d'AUBENAS
apportait une bouffée d'air.
Passé le col, je me sentais déjà
presque arrivée : changement de paysage, vue magnifique, bruit des
grillons et cette odeur très particulière qui n'appartient pour moi
qu'à l'Ardèche : un mélange de pin, de châtaignier, de genêt chauffés
par le soleil.
Quelques
années plus tard, la nouvelle voiture aidant (une 504 familiale), je
voyageais sur la banquette arrière; COPAIN, le chien de ma soeur
occupant le coffre....Les arrêts d'urgence pour soulager les malades
étaient toujours de mise, mais ce n'était plus uniquement ma soeur qui
sortait en catastrophe mais également son chien !
Mes parents
décidèrent alors de prendre une route plus longue, mais un peu
moins tortueuse pour éviter ces contretemps. Nous prîmes alors la route
plus méridionale de VILLENEUVE DE BERG.
Aujourd'hui, le col de l'ESCRINET est un lieu connu et reconnu par les ornithologues car il s'agit d'un lieu de passage pour les migrations printanières. Mais, malheureusement aussi pour les affrontements,
de nombreux chasseurs ne respectant pas les directives de non chasse
d'oiseaux se rendant sur leur lieu de nidification et perturbant les comptages d'oiseaux.
Le
col accueille depuis quelques années une statue que j'aime beaucoup,
une sculpture faite avec des matériaux de recyclage, par un artiste qui
habite juste à côté. Cet enfant qui tend une poignée de paille à une
petite chèvre marque maintenant pour moi l'entrée dans le territoire
"vacances ardéchoises". Syl